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Le monde des graminées

Le tallage est un phénomène commun chez les graminées. Plusieurs céréales comme le blé et l’orge par exemple en bénéficient et c’est particulièrement vrai dans les céréales d’automne où chaque talle supplémentaire produit un épi généralement récoltable.

Quoique bénéfique pour optimiser le rendement des céréales, le maïs est aussi une graminée qui peut parfois produire des talles. Depuis plusieurs années, les efforts en termes de sélection génétique du maïs visent à produire des hybrides pouvant supporter de plus hautes populations pour maximiser le potentiel de rendement. Le développement du tallage s’en trouve réduit, mais on peut quand même parfois l’observer dans nos champs.       

Le pourquoi et les causes possibles?

L’optimisation du rendement du maïs passe par la maximisation des grains sur un même épi plutôt que le nombre d’épis sur la même plante. Les talles sont essentiellement des branches qui se développent à partir des bourgeons aux cinq à sept nœuds inférieurs de la tige d'un plant de maïs. On voit souvent leur apparition vers le stade 4 à 7 feuilles. 

Le nombre de talles qui se développent est déterminé par la population et l'espacement des plantes, la fertilité du sol, les conditions de croissance en début de saison et le patrimoine génétique de l'hybride. On voit généralement le phénomène de tallage dans le maïs en bout de champ ou dans les zones plus clairsemées.

Pas d’effet sur le rendement

On a longtemps pensé que les talles tiraient l’eau et les éléments nutritifs au détriment de la tige principale et par conséquent diminuerait le rendement global. Cependant, la recherche a démontré que les talles n’ont aucun effet négatif sur le rendement. Elle permettrait même d’augmenter légèrement la matière sèche produite pour le maïs ensilage, et même de servir de source d’éléments nutritifs pour l’épi principal en cas de conditions de croissance difficiles.  

Un travail d’équipe  Il y a très peu de mouvement de photosynthèse entre la tige principale et les talles avant la formation des croix. Cependant, après la formation des soies et pendant le remplissage des grains, les sucres végétaux peuvent se déplacer des talles sans épis vers les épis de la tige principale. Lorsqu'il y a des épis à la fois sur la talle et sur la tige principale, il se produit très peu de mouvement des sucres végétaux. La tige principale et les talles agissent indépendamment et chacune reçoit des sucres de ses propres feuilles.

Saisir le message de la plante et y remédier

Lorsque l’on marche un champ dont la population est adéquate et que l’on observe une talle ici et là, il n’y a donc aucune raison de s’inquiéter. Au contraire, on peut comprendre que notre maïs ne manque ni d’eau ni d’éléments nutritifs et se permet le luxe de taller.

Cependant, un tallage excessif (plus de deux ou trois talles par plante) peut indiquer que les plants de maïs maximisent leur développement car les conditions le leur permettent. Cela nous permet de penser que notre hybride pourrait tolérer une population encore plus élevée, qui aurait pour effet d’augmenter le rendement. Ces observations permettront de corriger la situation l’année prochaine! 

Francis Allard, agr. M.SC.
Francis Allard, agr. M.SC. Agronome en development de Marché, Rive nord et est du Québec